Dan Ferdinande , Lettre d’Alicia Quacentina à Avalé Chapman

  Longtemps j'ai hésité à vous écrire. Mais le temps presse maintenant. Le 16 juin approche à grands pas qui est une date importante de notre année, sinon LA date de l'année.

   En effet nous nous réunissons ce jour-là chez Nina Sowalli, au 16 rue Delvau pour une soirée-lectures. Cette année, mais vous ne le savez peut-être pas, nous avons décidé d’écrire un texte dont la chute, choisie par Philémon Lemarus, doit être « pince à linge ».



  My God, allez-vous vous écrier, qu'ai-je donc à voir avec cet objet-là ? Et vous auriez tout à fait raison. Or cher Avalé – me permettez-vous de vous appeler par votre petit nom ? il est si... bucolique – n'oubliant en aucune façon que  vous avez dédié votre vie à la poésie votre avis nous serait des plus précieux sur ce point épineux.
  Voici, aussitôt lancé le thème fut matière à discussion : Comment ! Mais on ne dit pas pince à linge c'est épingle à linge qui est le terme exact !!! Et il s'en est suivi durant tout l'hiver une discussion qui ne semble pas près d'aboutir.
  Chacun pour en apprendre le fin mot a plongé le nez dans les livres doctes, est allé surfer sur le net. Quelqu’un a même appelé à la rescousse les Quatre Barbus qui eux n'en démordent pas : il s’agit bien de la pince à linge, la pince à linge, la pince à linge... sur tous les tons. Mais la discussion n'en est pas close pour autant. Aussi cher maître, vous qui manipulez la belle langue et non la langue verte, je vous prie de bien vouloir vous porter à notre secours.
  J'ai rencontré tout dernièrement votre ami David Van-R. avec qui nous avons à notre habitude longuement parlé de vous et de vos écrits. J'ai sollicité de sa part la permission de vous contacter, je sais que lui seul connaît votre adresse et ne la donne qu'à très bon escient – vous ne voulez pas être dérangé dans la lente élaboration de votre œuvre, je le comprends bien –,  D.V-R. donc après un petit toussotement de gêne et un « Well, well...» qui ne présageait rien de bon a fini par consentir à me donner vos coordonnées afin de vous joindre pour exprimer cette requête.
   Je vous demande donc cher Maître de nous faire l'honneur de trancher ce dilemme langagier : doit-on dire pince à linge ou épingle à linge ?

Votre admiratrice et dévouée
Alicia Quacentina



Texte paru dans L'Air du Temps, recueil collectif, juin 2012

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