Poème : Guy Ferdinande, Panthères noster


Panthères noster
Ni louves, ni lionnes. Ni ne rimant avec Mithridate,
            ou avec Gorgone : passagères de l’entre-mailles
loin de l’assourdissant sommeil tandis que ce
qui colle à la peau, c’est la peau qui bat
comme celle du daf,
et qui nous hante jusqu’à plus soif.

— La peau, toujours elle ! On a ça dans la peau, non ?
Peau dont elles se vêtent, qui rend la couleur
d’un monde lointain sur la palissade des utilités grises ;
nous en oublions que le visage du reflet est le nôtre,
nous en oublions que nous sommes cette peau
du monde sensible et insensible, multiple, et
nous en oublions même que nous l’oublions.

Pouvoir se dire « Sésame ouvre-moi » est chose ardue :
penser, créer, jouer, écrire, embrasser ne sont aisés
qu’en apparence : encore faut-il qu’en sorte un son !
Alors que l’utile, lui, coule si excellemment de source
de ces choses qui croquent la vie à pleines morsures.

Le reste étant affaire de pénombre.

Comme je m’étonne des tigresses, des filles-fleurs,
des femmes girafes, des ogresses et de tant d’autres
dont je n’ai pas idée, entre capucines et liseron du sentier,
je surprends l’acheminement sous haute surveillance
de panthères nues vers la pelisse humaine.

De là où il fait si froid, de là où il fait trop beau,
j’entends que nous ne sommes pas sans voix :
deux femmes parlent pour elles.

Ne les connaissant qu’en leur apparaître
je ne puis en dire que pour la toile dont
elles infléchissent le sens, non à tire-d’aile :
— T’as vu, y a les femmes panthères !
ainsi qu’on perçoit la pointe d’ail, le filet de citron
ou la petite musique dans un film de Godard.

Sont-elles d’ici ? Sont-elles là-bas ?
Tout comme ce qui était là-bas devient ici
et tout ce qui est là repart de plus belle,
elles viennent et vont et passent et pfuit !
filent nuage selon nuage embrasser sur la paupière
le grand soleil couchant.

            Alors, caresser l’échine des fantasmagories lunaires
où se revèle l’Autre réinventé
devient clause d’un dessein ouvert.

Du prétexte à la péroraison,
            ou mieux encore ici,
                        soluble safari de l’intarissable.

 *******

Écouter la lecture qu'en fait l'auteur :
  *******
GRRR! ...sur les traces des Femmes-Panthères, une exposition en hommage aux Femmes Panthères ~Esmeralda et Pascaline sa mère ~ concoctée par Barnarbé Mons se tiendra à la Maison-Folie de Wazemmes. Peintures, dessins, collages, photos, textes, articles de presse, etc... Vernissage vendredi 7 février à 18:30 avec les principales intéressées. Exposition du 8 février au 23 mars 2014.
http://www.lesfemmespantheres.com/biographie.html


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire