Poème : Annie Wallois, Aperçu de Fressin



A l’entrée du village, le buste noir de Bernanos, parcelle de nuit sculptée, s’entoure de fleurs

Un panneau indique ‘La source de Mouchette’ vers Planques

La source est bue, Mouchette rôde encore

Au tournant de demain

 
La Planquette en contrebas  bruisse

Une maison basse, dans le recul, se détache sur la pente d’un champ

La ligne de crête longe le ciel clair


La pluie nourrit  le flux de la journée et chuinte sur les feuilles

La rivière va son cours, glisse sous les gouttes

Ignorant les travers de pierres


Elle coule de toujours plus loin

Elle garde en mémoire la vieillerie des guerres

Les fracas qui ont fait s'écrouler le château de craie blanche


La poule frotte son bec à l’herbe

Tend le cou, capte à l’entour, au cru de l’air,

L’heure indécise, ses effervescences, juste un frôlement

Les nuages au crépuscule font route avec la lune  

Qu’un feuillage éclipse

Qu’un sapin occulte

Dès l’obscurité, une petite musique  nous aspire,

Notes flûtées, échappées des vestiges du château des Créquy

De ces lointains chevaleresques, et plissant le temps en accordéon


Une ruine s'élève en forme de tour percée d'une meurtrière

Découpant un œil noir dans les ténèbres

Ouvrant le puits aux échos du passé