Bonobo
mon amour
S’agissant
des aléas de nos élans, les allégories scabreuses éructées lors
de repas trop arrosés n’ont de sens et de substance que pour mieux
exorciser notre peur face à leur raison d’être. A l’appui de
ces démonstrations cathartiques il convient d’adopter une attitude
quasi simiesque afin de prévenir toute velléité d’inhibition :
plus le syllogisme sonnera faux, plus notre érotique s’émancipera.
Néanmoins, il ne suffit pas de chanter nos atavismes entre poire et
fromage pour paraître plus humain que nature, encore faut-il avoir
une politique de conversion rigoureuse. Chaque geste doit être
enlevé, chaque vagissement amplifié. La philanthropie – qui
constitue une prérogative de puissance publique répondant à un but
d’intérêt général pouvant entrer en conflit avec le droit de
propriété – exige une libido signifiante, tellurique. Il est de
notre devoir de résister avec frénésie à l’omnipotence de la
civilité qui, d’une main de fer, génère invariablement
pollutions nocturnes et lamentations crépusculaires.
Faire
le singe et se réveiller homme. Partir à la conquête du dernier
territoire vierge d’échafauds et de pendaisons, l’éden de
l’animalité retrouvée…
~
Dirt
Le
quantitatif n’est que la forme la plus dégénérée – et la plus
répandue – du qualitatif. La mouche a parfaitement assimilé cet
adage productiviste. Aussi, ce qu’elle ne possède pas en propre,
elle le disperse en vrac. En effet, chez la drosophile comme chez les
libéraux l’appétit ne vient pas en mangeant mais en déféquant.
C’est un transit assez étrange, certes, qui permet malgré tout de
saliver à rebours et d’éviter ainsi une longue et coûteuse cure
psychanalytique. Bref, surfant sur la vague de libéralisation
effrénée des devises et des marchandises qui submerge nos économies
depuis une dizaine d’années – la frontière entre ces deux
groupes d’entités est de plus en plus floue depuis que nous savons
que la tomate est à la fois onde et corpuscule, sauce et coulis –,
elle capitalise à l’insu de ses bailleurs les intérêts générés
par les œufs pondus à crédit dans les bourses amies. C’est une
spéculation néonatale, larvée, redoutablement efficace. L’asticot
n’est pas encore mouche qu’il dévore déjà le berceau de ses
amours. Il se nourrit de l’hypothétique plus-value de son devenir…
~
Le
génome du macaque rhésus est séquencé
En
l’espèce, la vieille querelle idéologique opposant les chantres
du savoir-être aux apôtres du savoir-vivre n’est que le
corollaire de la confusion organique originelle qui, depuis la nuit
des temps, passe ses nuits et son temps à semer la pagaille dans
l’esprit borné et rétréci de l’homo sapiens. Et malgré
l’épaisse bouillie verbeuse dans laquelle il s’enfonce chaque
jour davantage, l’homme moderne s’obstine à vouloir tracer une
frontière nette et imperméable entre l’inné et l’acquis en
dépit du fait que, sémantiquement, ces concepts apparaissent comme
étant les deux faces interchangeables d’une seule et même
médaille. Du reste, nous savons aujourd’hui que l’homme-grenouille
est à la fois homme et substantif, au même titre que la
femme-enfant ou le bébé-éprouvette. Malheureusement, Adam ne
l’entend pas ainsi. Intrépide et maniaque comme le bègue à la
recherche du mot juste, il parade – sûr de lui ! – au bras
d’une chimère dans les méandres du Verbe et de la Raison,
oubliant que son corps est un tamis, une combinaison aléatoire
d’affects irréductibles possédant un dénominateur commun, la
vie, le passage de la vie.
~
3 extraits du recueil L'Arrière train du popotin du babouin est un don du ciel, David Van Robays, Ed. Le Rewidiage, 2009
Prix de
vente : 10 € (port compris)
Pour toute
commande s'adresser à :guy.ferdinande@neuf.fr
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