A l’entrée du village, le buste noir de Bernanos, parcelle
de nuit sculptée, s’entoure de fleurs
Un panneau indique ‘La source de Mouchette’ vers Planques
La source est bue, Mouchette rôde encore
Au tournant de demain
La Planquette en contrebas
bruisse
Une maison basse, dans le recul, se détache sur la pente
d’un champ
La ligne de crête longe le ciel clair
La pluie nourrit le
flux de la journée et chuinte sur les feuilles
La rivière va son cours, glisse sous les gouttes
Ignorant les travers de pierres
Elle coule de toujours plus loin
Elle garde en mémoire la vieillerie des guerres
Les fracas qui ont fait s'écrouler le château de craie
blanche
La poule frotte son bec à l’herbe
Tend le cou, capte à l’entour, au cru de l’air,
L’heure indécise, ses effervescences, juste un frôlement
Les nuages au crépuscule font route avec la lune
Qu’un feuillage éclipse
Qu’un sapin occulte
Dès l’obscurité, une petite musique nous aspire,
Notes flûtées, échappées des vestiges du château des Créquy
De ces lointains chevaleresques, et plissant le temps en
accordéon
Une ruine s'élève en forme de tour percée d'une meurtrière
Découpant un œil noir dans les ténèbres
Ouvrant le puits aux échos du passé